L’illusion localiste by Aurélien Bernier

Auteur:Aurélien Bernier [Bernier, Aurélien]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782919160662
Éditeur: Éditions Utopia
Publié: 2019-12-10T03:00:00+00:00

Le pouvoir des marchés

Une conséquence particulière de l’internationalisation des flux de marchandises et de capitaux est la formation de marchés de plus en plus vastes établissant les prix des matières premières, des devises, des actifs… en fonction de l’offre et de la demande à une échelle souvent continentale, voire mondiale.

Le plus ancien marché organisé est le Amsterdam Stock Exchange, créé en 1602, qui permettait de négocier les produits du commerce colonial. En 1848, aux États-Unis, le Chicago Board of Trade ouvre ses portes ; on peut y acheter du blé, du maïs, du bétail au comptant ou à une date ultérieure, à l’aide de contrats standardisés qui offrent une sécurité à la fois à l’acheteur et au vendeur. À la fin du XIXe siècle, on comptait sur le territoire américain environ 1 600 places de marché près des ports et des gares, ce qui en faisait une activité locale.

Avec la globalisation des échanges, les Bourses vont s’interconnecter, fusionner, couvrir des zones de plus en plus larges. Les catégories de produits concernés vont s’agrandir, avec des produits de base ayant subi une première transformation (métaux ou produits pétroliers raffinés, tourteaux de soja…) et des biens manufacturés standardisés (rails de chemin de fer, composants électroniques, machines, produits pharmaceutiques…) On peut aujourd’hui négocier en Bourse les céréales, le soja, le lait, le cacao, le café, le sucre, le coton, le bétail, les produits pétroliers, les métaux précieux ou non, l’huile de palme, le caoutchouc, la laine… Ces produits sont appelés « commodités ».

Les sociétés boursières qui réunissent acheteurs et vendeurs sont devenues des géants économiques. Longtemps rivaux, le Chicago Mercantile Exchange et le Chicago Board of Trade fusionnent en 2007 au sein de CME Group, qui rachète le New York Mercantile Exchange dès l’année suivante. En Europe, Euronext naît en septembre 2000 de la fusion des Bourses d’Amsterdam, de Bruxelles et de Paris. Elle propose de nombreux contrats sur les matières premières, notamment le blé, le colza, le maïs, l’orge de brasserie, la poudre de lait, le beurre…

Les marchés mondiaux portent sur des volumes considérables. En 2018, les flux de commerce international représentent 41,2 milliards de dollars pour le blé, 34 pour le maïs, 26,6 pour le riz. Le marché du sucre pèse plus de 40 milliards de dollars, celui de la tomate 9,5 milliards, celui des pommes de terre 4,3 milliards… En Bourse, les transactions sont bien supérieures, les contrats pouvant être revendus plusieurs fois avant livraison de la marchandise.

Sur ces marchés, les acteurs les plus puissants sont les grandes sociétés de négoce, qui jouent les intermédiaires entre les industriels de la transformation et les producteurs. Les principales sont la Néerlandaise Vitol (231 milliards de dollars de chiffre d’affaires), la Suisse Glencore (220 milliards), le groupe Trafigura basé à Singapour (180 milliards), l’Américaine Cargill (115 milliards) ou la française Louis-Dreyfus (36,5 milliards). Implantées sur les différents continents, ces multinationales du commerce de gros réalisent l’interconnexion des marchés. Elles peuvent acheter en Asie pour vendre en Amérique du Nord, transporter une marchandise d’un port européen à un port sud-africain.

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